執筆中 – en cours de rédaction 2023 01 04
Coup de force
« Aveu de faiblesse », « coup de force » : la gauche s’est aussitôt élevée contre ce recours. Et compte répliquer avec ses munitions restantes, à savoir le millier d’amendements qui restaient en discussion.
Si ceux-ci ne pourront pas être débattus ni votés, ils peuvent toutefois encore être simplement présentés par leurs auteurs. Une façon de gagner du temps et de laisser espérer à la gauche que le texte « ne soit pas soumis au vote » avant l’échéance prévue de dimanche à minuit.
« Gouverner dans la brutalité pour imposer une réforme dont les Français ne veulent pas : voilà leur unique objectif ! », a dénoncé sur Twitter la cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen.
De son côté, Emmanuel Macron n’a pas proposé de rendez-vous aux syndicats, dans un courrier de réponse à leur lettre qui lui demandait de les recevoir en « urgence ». Il a expliqué vouloir « préserver le temps parlementaire » même si le gouvernement « est à (leur) écoute ». « Je ne sous-estime pas le mécontentement dont vous vous faites le porte-parole comme les angoisses exprimées par de nombreux Français inquiets de ne jamais avoir de retraite », a ajouté le chef de l’État, à la veille d’une nouvelle journée de manifestations.
L’exécutif avait déjà opposé une fin de non-recevoir à leur sollicitation au cours de la semaine, Élisabeth Borne renvoyant l’intersyndicale vers son ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Choix cornélien pour Élisabeth Borne
Mais, au Parlement comme au gouvernement, les regards sont déjà tournés vers la semaine prochaine, vraisemblablement décisive pour l’avenir de cette réforme phare du second mandat d’Emmanuel Macron, qui prévoit le report de 62 à 64 ans de l’âge de départ en retraite.
Un groupe de sénateurs et de députés doit d’abord se réunir mercredi au sein d’une commission mixte paritaire (CMP) pour bâtir un projet de compromis entre les deux Chambres, qui devront ensuite voter séparément le lendemain sur ce texte.
L’approbation de l’Assemblée, où le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative et où la droite est divisée, semble de plus en plus incertaine.
La Première ministre Élisabeth Borne « va avoir un choix cornélien : c’est la roulette russe » d’un vote à l’Assemblée ou « la grosse Bertha » avec l’article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote mais porte le risque d’une censure du gouvernement, a mis en garde Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs Les Républicains. Un vote positif est possible mais « ça va être ric-rac » à l’Assemblée, admet un ministre.
Si « l’objectif n’est pas d’utiliser le 49.3 », il reste un outil à disposition, souligne l’entourage d’Emmanuel Macron, qui « ne veut pas que le pays soit bloqué ». « Avoir une Première ministre qui ne veut pas du 49.3 et un président qui serait plus allant, c’est une dualité qui fait tout à fait partie du jeu », selon une source parlementaire au sein de la majorité, et permet de montrer que le gouvernement est prêt à tout.
Pour le leader de la CGT Philippe Martinez, un recours à cet outil serait « très grave, y compris pour la démocratie », et justifierait la poursuite du mouvement.